Ci-dessous un article de l’urbaniste Jean-Pierre LEFEBVRE.
Je le publie pour son analyse de la situation actuelle et des dangers dont elle est porteuse, ainsi que sur la nécessité d’une 6ème République.
Cependant, son point de vue sur la NUPES, sur les solutions économiques qu’elle porte et sur la co-gestion qu’il appelle de ses vœux n’engagent que lui. De mon point de vue elles laissent une trop grande place à l’Etat et pas assez à l’Autogestion, qu’il promeut pourtant aussi.
Il me semble qu’une très large autogestion des communs est possible, dans le cadre d’un État réduit à ses fonctions régaliennes et d’un capitalisme fortement contraint, grâce notamment à l’instauration d’une « Sécurité sociale de l’économie ».
Cette extension, prolongement et complément de la Sécurité Sociale, la Sécu, fonctionnerait sur le même principe de répartition mais entre les entreprises : toutes cotiseraient proportionnellement à la richesse qu’elles produisent et toutes recevraient en contrepartie une même allocation pour chaque poste de travail.
Cela opérerait en temps réel, chaque mois, automatiquement, sans passage par l’Impôt et par l’Etat, une péréquation égalitaire entre les secteurs d’activités très rémunérateurs, très « bancables » et ceux qui, bien que socialement et écologiquement utiles, voire indispensables, peinent à rémunérer correctement leurs salariés. Ce dispositif s’appliquerait à toutes les entités économiques, qu’elles soient collectives (les entreprises) ou individuelles (les indépendants).
La Sécurité Sociale de l’Economie serait un utile complément de la nécessaire réforme constitutionnelle qui donnerait la naissance à une 6ème République. Elle en serait peut-être même la condition de viabilité. Elle serait aussi le meilleur rempart face au Rassemblement National, lui qui n’a jamais défendu concrètement les intérêts des plus pauvres autrement que par la promesse démagogique selon laquelle l’éviction des étrangers assurerait un emploi bien payé à tous.
https://securiteeconomique.org/
Pixef
1933
Sinistre anniversaire !
C’est en effet en 1933 que Hitler accéda au pouvoir après que les grands capitalistes allemands ( les konzerns), réunis sous la houlette de Schmidt , « grand juriste » nazi, lui aient donné leur feu vert. Le programme nazi comportait une part sociale effrontément subtilisée à la gauche allemande et une part de racisme et d’ultranationalisme présentant les Juifs comme le bouc émissaire dont seraient provenus tous les malheurs de l’Allemagne. Dès lors les crimes génocidaires se concrétisèrent, reculant à l’infini les limites de l’horreur.1933 fut aussi l’année de ma naissance !
90 ans et quelques guerres plus tard, la réforme de la retraite et le 49/3 antidémocratique de Macron ouvrent une avenue vers le pouvoir à leur ultimes héritiers, à la maffia familiale du Rassemblement national (du grand père à la mère, à la nièce , au mari de l’autre nièce) Ils ont prétendu se dé-diaboliser en dérobant effrontément eux aussi des revendications sociales de gauche, en tentant de gommer les stigmates les plus monstrueux du fascisme historique et du colonialisme : en remplaçant les Juifs par les Arabes comme boucs émissaires fallacieux à tous les maux, dans la même haine suicidaire nourrissant la guerre civile, tout en multipliant les serments hypocrites de fidélité aux institutions démocratiques. Le soutien du CAC 40 et de ses médias leur étant mêmement assuré, cette fois par Bolloré, le parti de l’aventure régressive, réactionnaire, ultime barrage aux solutions progressistes à la crise, est ainsi placé aux portes du pouvoir au prétexte qu’ils n’ont jamais servi - si on oublie le pétainisme et la guerre d’Algérie, ces hontes historiques ! !
Macron, comme gérant loyal du grand capital, agit sous la pression des marchés et de l’Europe allemande : Plutôt que de prélever des impôts sur les profits obscènes comme cela se fit partout de 1920 à 1980, il veut faire payer les salariés en reculant l’âge de leur retraite pour garder les faibles taux des remboursement des dettes françaises, dues elles-mêmes à notre déficit commercial, c’est-à-dire à l’incurie du Capital !.
Tout se passe comme s’il y avait en France une double démocratie : celle, formelle des institutions et des corps secondaires, et, inextricablement mêlée, celle du CAC40 qui lui dicte ses décisions essentielles :à savoir qui paie quoi ?
Une autre solution à la crise de civilisation existe : elle est portée par le succès fulgurant de la NUPES et de son programme démocratique et social d’union de toute la gauche, portée par une nouvelle génération combattive de militants sociaux issus du peuple plutôt que des grands corps de l ‘Etat bureaucratique !
Devant les violations de la démocratie appuyées sur le 49/3, cet héritage du putsch réactionnaire de 1958, une sixième république est nécessaire et possible afin d’empêcher le basculement dans la régression néofasciste à l’italienne !!
Coup double : contredisant les souvenirs contre productifs des cageots en flamme de mai 68, une phase idéale vient de se lever ici : L’union de tous les syndicats qui se sont opposés dans l’ordre et le calme à l’inique réforme Macron ! Elle devrait pouvoir se prolonger demain par la cogestion de l’économie , assurée par l’extension des pouvoirs des comités d’entreprise, telle que la voulait De Gaulle lui-même et telle qu’elle est largement pratiquée déjà en Europe du Nord , telle que le propose l’économiste Piketty, tout en faisant raisonnablement payer les frais de la crise au CAC 40, comme ce fut le cas partout de 1920 à 1980 !!
Le préalable, c’est que l’union de la gauche, en démystifiant l’escroquerie lepéniste, devienne majoritaire à l’assemblée nationale. Le Sénat réactionnaire devrait être à terme supprimé. La décentralisation démocratique être instituée dans les quartiers et les villages dans des assemblées locales qui élaborent en permanence la politique nationale et la contrôlent !
Ainsi, la patiente expérimentation d’une nouvelle efficacité économique pourrait construire par l’effort de tous, l’autogestion économique et politique généralisée : cette perspective est vitale si on veut éviter l’effondrement planétaire de toute vie et civilisation suite au réchauffement climatique et aux pollutions comme l’annoncent le GIEC ou Esther Duflo. Ainsi une économie cogérée, écologique, égalitaire, anti productiviste, ouverte sur la culture et l’intelligence généralisées pourrait poursuivre l’aventure humaine en évitant la dystopie.
Ainsi les architectes pourraient commencer de reconstruire partout une ville peu dense, économe, verte, douce à vivre, second corps de l’homme aussi beau que Venise, qui limiterait l’appétit de déplacements excessifs et de gadgets inutiles et inutilement consommateurs d’énergie ! La publicité parasitaire devrait s’éteindre progressivement, la nature reprendre ses droits partout !
Du même pas serait enrayé le processus infernal de robotisation et de déshumanisation sous l’effet mécanique de la numérisation et de la manipulation par les GAFA, au service d’un productivisme parasitaire préludant à l’instrumentalisation standardisée du BIG OTHER, dominée au choix par Xi ou Trump , telle que Shoshana Zuboff, de Harvard, la décrit dans le capitalisme de surveillance », telle que Gunther Anders, philosophe, époux d’Hannah Arendt, le décrivait dès 1980 dans l’obsolescence de l’homme !
Nous sommes vraiment à une croisée des chemins. Mes jeunes camarades, à vous de jouer !
Jean-Pierre Lefebvre , urbaniste , le 19/03/23